#Rencontre : Véronique Tadjo

V

Véronique Tadjo,

Ecrivaine et universitaire franco-ivoirienne engagée pour la promotion du livre en langue française dans le monde, et particulièrement en Afrique. 

 

Qui êtes-vous et  en quoi consiste votre activité ?

Née à Paris d’un père ivoirien et d’une mère française, j’ai grandi et fait la plupart de mes études en Côte d’Ivoire. Après avoir obtenu un doctorat en Civilisation Noire Américaine à la Sorbonne Paris IV et fait des recherches aux Etats-Unis, j’ai enseigné pendant plusieurs années à l’université de Cocody (Abidjan). En 2005, je reçois le Prix Littéraire d’Afrique Noire pour Reine Pokou, concerto pour un sacrifice (Actes Sud, 2004). En 2014, L’ombre d’Imana, Voyages jusqu’au bout du Rwanda (Actes Sud 2000) remporte le Prix Kaïlcedra  des lycées et collèges en Côte d’Ivoire et en 2016, le Grand Prix national Bernard Dadié m’est décerné pour l’ensemble de mon œuvre. En compagnie des hommes (Don Quichotte, 2017) a pour thème l’épidémie d’Ebola qui a touché la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia. Après avoir vécu quatorze ans en Afrique du Sud où j’ai dirigé le département de français de l’université du Witwatersrand à Johannesburg, je partage maintenant mon temps entre Londres, Paris et Abidjan. Une partie de mon œuvre est consacrée à la jeunesse. Mes livres sont traduits en plusieurs langues.

Quelle est la mission qui vous tient le plus à cœur ou l’initiative dont vous êtes la plus fière dans le cadre de votre activité ?

Je me passionne pour l’émergence d’une véritable culture de la lecture en Afrique. Il faut réfléchir à différentes méthodes d’accès au livre plus proches des lecteurs potentiels. Je suis contente d’avoir été une pionnière dans le domaine de la littérature pour la jeunesse. J’ai participé à la naissance de plusieurs collections et donné de nombreux ateliers d’écriture et d’illustration un peu partout en Afrique. Il est important d’offrir des livres de qualité aux jeunes de manière à ce qu’ils « grandissent » avec une littérature qui leur parle et des personnages avec lesquels ils peuvent s’identifier. J’ai également eu la chance d’être reconnue pour ma production poétique et romanesque. 

Quel est l’obstacle majeur, le frein ou la difficulté auquel vous êtes confrontée dans votre activité ?

La distribution. Parce que le marché du livre en Afrique francophone est très étroit, au niveau national aussi bien que régional, il faudrait investir beaucoup plus dans les réseaux de distribution. Dans un même pays, plus on s’éloigne de la capitale, moins on a accès au livre. C’est une injustice à réparer. Par ailleurs, les livres ne traversent pas bien les frontières. Les coéditions et le numérique vont dans la bonne direction mais il faudrait redoubler les efforts.

Qu’attendez-vous en priorité des États généraux du livre en langue française dans le monde ?

L’instauration de filières du métier du livre au niveau universitaire ou technique en Afrique francophone.
L’octroi d’un statut privilégié aux éditeurs qui feront le choix de se spécialiser dans la littérature générale de manière à réduire la grande dépendance au livre scolaire, source de revenus principale.

La pandémie a plongé le monde entier dans la tourmente. La culture a été touchée de plein fouet. Une coopération accrue entre tous les acteurs du livre en français est plus que nécessaire aujourd’hui.